Article d’un membre : La Kink Pride, c’est quoi ?

Article d’un membre : La Kink Pride, c’est quoi ?

depuis Recon News

04 juillet 2025

Par le Dr Liam Wignall

Le mois de juin est celui des marches des fiertés et, partout dans le monde, des célébrations et des défilés de rues célèbrent la diversité sexuelle et de genre. Au Royaume-Uni, de nombreux événements de Pride se déroulent en juin et en juillet. La London Pride, l'une des plus importantes du pays, aura lieu demain (samedi 5 juillet 2025) - la Team Recon y défilera fièrement avec ses membres. Chaque année apporte son lot de nouveaux débats sur la présence du kink à la Pride. Ce blog n'a pas pour but de déterminer si le kink devrait être présent à la Pride ou non ; c'est un débat qui n'a pas lieu d'être. Le kink a toujours eu sa place à la Pride et devrait continuer à être présent et visible. Le kink est un élément clé de la Pride ; c'est une chose dont on doit être fier.

Plutôt que de plaider en faveur du kink à la Pride, je veux examiner ce que nous pourrions entendre par kink pride. Pour ce faire, j'aborderai trois approches de réflexion sur le kink: à travers l'histoire, à travers l'identité, et à travers la communauté.

Histoire

Les personnes impliquées dans différentes sous-cultures ont tendance à se renseigner sur leurs centres d'intérêt ; j'imagine donc que de nombreux lecteurs connaissent un peu l'histoire du kink. L'une des plus courantes est celle du sadisme et du masochisme, termes empruntés aux auteurs littéraires Marquis de Sade et Léopold von Sacher-Masoch. Ce que l'on sait moins, c'est que ces termes ont été inventés par le psychiatre allemand Richard von Krafft-Ebing et utilisés pour désigner les comportements déviants liés à la douleur ; c'est sans doute à partir de là que la pathologisation du kink a commencé.

L'histoire du kink est, dans l'ensemble, plutôt triste. Dans les années 1950, le kink (comme beaucoup d'autres sexualités) était étiqueté comme une forme de déviance et de maladie mentale à diagnostiquer et à traiter. Malgré les progrès réalisés depuis lors, l'histoire de la médicalisation du kink est toujours d'actualité. Au début de l'année, j'ai demandé à l'un de mes étudiants inscrits à un cours sur les sexualités : « D'où viennent les formes de kink ? » Il m'a répondu : « Elles sont liées aux maladies mentales, non ? »


Cette stigmatisation a conduit à des persécutions de la part de la police, des législateurs, de la famille et des amis, et de la société en général. Des personnes ont été emprisonnées pour s'être livrées à des actes kinky consensuels, ont perdu leur emploi et se sont vu retirer leurs enfants. Des militants des droits LGBTQ+, culturellement conservateurs, ont également stigmatisé les kinksters en disant « nous savons que nous sommes différents, mais nous ne sommes pas aussi mauvais qu'eux ».

Malgré ce fardeau, l'histoire du kink au sein des mouvements activistes est bien ancrée et les kinksters ont joué un rôle clé dans le développement des communautés queer. Les bars axés sur le cuir ont fait partie intégrante de la croissance des quartiers gays, et les adeptes du cuir se sont tenus aux côtés des drag queens et des transgenres lors des émeutes de Stonewall. Les adeptes du cuir ont joué un rôle central dans la collecte de fonds pendant la crise du sida des années 1980 et sont souvent au cœur des activités de collecte de fonds pour les communautés queer aujourd'hui.

Montrer sa fierté pour le kink, c'est reconnaître l'histoire complexe et les combats que les premiers kinksters ont menés pour nous permettre de vivre nos vies authentiques, et poursuivre la tradition de défense des groupes défavorisés. L'image du Leatherman est celle d'une icône de force, de pouvoir et de solidarité. Nous devons être fiers du travail accompli par ces pionniers ainsi que des préjudices subis par les adeptes du kink pour le simple fait d'exister.

Identité

L'un des éléments principaux de la Pride est de montrer sa fierté pour son identité ; bien qu'elle puisse souligner l'importance de la fierté de l'identité sexuelle et de genre, la Pride consiste désormais davantage à être authentique et à accepter tous les aspects de ce que nous sommes. Chaque année, je suis étonné de voir les différentes sections lors des marches : les geeks, les sportifs, les jardiniers, etc.

La sexualité est souvent au cœur de notre identité. Nous naviguons souvent dans le monde à travers le prisme de notre minorité sexuelle, en nous opposant dès le plus jeune âge aux présupposés de l'hétérosexualité, en remettant souvent en question les attentes en matière de monogamie et (pour les personnes qui lisent ce blog) en brisant le moule de la « sexualité vanille ». Nous devons souvent faire notre coming out plusieurs fois au cours de notre vie, dans des contextes différents, et même dans ce cas, nous ne divulgons souvent que peu de choses.

Tout le monde ne considère pas forcément la sexualité comme une composante déterminante de leur identité ; il y a différentes façons de s'intéresser à la sexualité. Pour certains, cependant, le kink représente leur orientation sexuelle : leurs centres d'intérêt se développent à l'adolescence, restent relativement fixes tout au long de la vie (avec toutefois une certaine flexibilité et un ajustement précis), et ne peuvent être modifiés par des influences extérieures. Les gens sont parfois plus intéressés par les activités qu'ils aiment, qu'il s'agisse de fist-fucking, de fessée ou de bondage, que par l'identité sexuelle de la personne avec laquelle ils jouent. Les choses peuvent être plus complexes que cela, et l'accent est mis à la fois sur l'activité et sur la personne qui l'administre.

Il est intéressant de noter que certains kinksters m'ont expliqué qu'ils peuvent s'amuser avec des personnes qui ne les attirent pas habituellement, à condition que leurs penchants soient fortement alignés, ou qu'ils aient une connaissance approfondie du kink (avec accès à une gamme complète de matériel fétichiste). Il serait peut-être judicieux d'ajouter un peu plus d'informations sur votre profil Recon, dans les sections décrivant ce que vous recherchez, pour attirer ces personnes…

Lorsque notre sexualité est si étroitement liée au kink, on peut trouver difficile de ne pas en parler aux autres, et de ne pas montrer notre fierté à ce sujet. Cela ne veut pas dire qu'il faille décrire son kink aux gens dans les moindres détails, mais on peut simplement être honnête sur les liens que nous établissons, et sur l'importance de notre Maître/boy/puppy dans notre vie - ces liens et ces relations peuvent effectivement nous aider à nous développer en tant que kinksters et au-delà. Lorsque le kink est lié à la sexualité et à l'identité, il devient une source de fierté pour nous-mêmes.

Communauté

L'un des points qui revient le plus souvent dans mes entretiens avec les kinksters est l'importance de la communauté. Celle-ci inclut à la fois la communauté kink au sens large et les sous-cultures axées sur des intérêts spécifiques (par exemple, la communauté des puppies, la communauté cuir, la communauté caoutchouc, etc.).

Le sentiment d'appartenance à une communauté est souvent d'une importance vitale pour les minorités sexuelles. Comme je l'ai mentionné plus tôt, durant notre jeunesse, nous nous sentons souvent différents et nous nous comparons aux autres. Cela peut engendrer un sentiment d'isolement et de solitude. Un participant m'a confié ceci : « Je recherchais des gens comme moi ; je voulais m'assurer que je n'étais pas une personne brisée. » Le slogan de Recon, « Trouvez votre tribu », a du sens : nous voulons rencontrer des personnes qui nous ressemblent pour que nous sachions que nous ne sommes pas seuls.

La communauté kink a plusieurs fonctions. Elle offre un réseau social aux personnes partageant les mêmes intérêts en matière de fétichisme ; si certaines de ces intéractions tournent autour du kink, d'autres consistent à discuter de choses aléatoires avec des personnes qui ne se focalisent pas sur votre collier de chien ou sur le garçon qui se trouve à vos pieds. Vous pouvez être vous-même et authentique. L'un des avantages de faire partie d'une communauté kink mondiale est que lorsque vous vous rendez dans une nouvelle ville, n'importe où dans le monde, vous pouvez au préalable envoyer un message aux membres de Recon et leur demander des recommandations sur les endroits où aller (et les gens à rencontrer).

La communauté offre des possibilités de développement personnel par le biais d'événements éducatifs et pratiques, notamment les Masterclass organisées lors de Fetish Week London, les événements Café 101 organisés par les London Leathermen, ou les divers ateliers lors de grands événements kink (tels que Darklands ou IML).

Et n'oublions pas que la communauté kink offre également des opportunités de relations sexuelles inoubliables.

J'ai moi-même tiré profit de mon appartenance à la communauté kink, en nouant des amitiés et des liens durables. Ces personnes me servent de caisse de résonance lorsque j'ai de nouvelles idées sur différents projets de recherche, et me tiennent responsable de mes déclarations sur le kink. Elles m'ont également permis de garder les choses sous contrôle à l'open bar de la section VIP de Full Fetish.

C'est grâce à la communauté que les événements et les liens kink sont si diversifiés et précieux. La communauté n'est pas seulement constituée d'individus qui agissent seuls, mais de personnes qui se rassemblent pour se rencontrer, trouver un sens et une valeur les uns envers les autres, comme un refuge contre une société qui porte des jugements et contre un climat politique intimidant. Nous devons reconnaître la valeur de ces communautés et faire ce qui est en notre pouvoir pour les protéger. Nous devons être fiers de nos communautés kink et de ce qu'elles apportent à leurs membres.

Kink Pride et Kink à la Pride

Si je dois faire un résumé général, le kink a bien sa place à la Pride et l'aura toujours. Cela ne veut pas dire qu'il faille avoir des rapports sexuels au milieu des défilés de Pride (le sexe en public, c'est plutôt pour Folsom). Mais cela signifie être fier de son identité et de la communauté dont on fait partie. Si ce n'est pas ainsi que vous voyez le kink (et que c'est plus un hobby pour vous), ce n'est pas un problème. Réjouissez-vous que d'autres personnes puissent être fières de quelque chose qui leur tient tant à cœur. Il est tellement important de s'élever les uns les autres et de rester solidaires, plutôt que de se tirer vers le bas.

Si vous souhaitez en savoir plus sur certains des sujets abordés ici, veuillez consulter les liens ci-dessous.

***Si vous souhaitez partager une expérience fétichiste ou kinky dans un article de membre, n'hésitez pas à nous envoyer vos idées ou une ébauche à : social@recon.com

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